Édito janvier 2020 : « Des Jours Heureux »

Une nouvelle année s’ouvre et nous, actrices et acteurs de l’ESS, vous souhaitons des « Jours Heureux » car nous nous souvenons que c’était le titre donné à la publication du Programme du Conseil National de la Résistance.

Il y quelques mois, nous aurions pu fêter son 75ème anniversaire mais, curieusement, l’évènement est passé sous silence, alors souvenons-nous que 15 ans auparavant, pour son 60ème anniversaire, 13 figures essentielles des heures sombres[1], signaient l’Appel des résistants.

« Nous appelons d’abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés à célébrer ensemble l’anniversaire du programme du Conseil National de la Résistance, adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraite généralisées, contrôle des « féodalités économiques », droit à la culture et à l’éducation pour tous, une presse délivrée de l’argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles, etc.

Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ?

Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.

Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous ».

L’urgence écologique manque à cet inventaire, l’enjeu étant peut-être moins visible à l’époque, mais les autres causes sont malheureusement toujours d’actualité, peut-être même plus encore et jusque sur notre territoire.

Alors faisons de notre engagement pour et dans une économie sociale et solidaire une véritable résistance pour pouvoir vraiment espérer des « Jours Heureux » !

[1] Lucie et Raymond Aubrac, Henri Bartoli, David Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.