Témoignage : Les Ecotones à Guer

Installés depuis 2011, nous produisons du lait de vache en agriculture biologique. Nous transformons une partie du lait sur la ferme en produits frais (yaourts, riz au lait, fromage blanc, crème, beurre). Nous sommes 2 associés dans un GAEC et 3 salarié-e-s travaillent sur la ferme représentant 1,7 équivalent temps plein.

Pourquoi ce statut ?

Par choix de cohérence, pour nourrir les habitants dans la diversité de leur modes d’alimentation, au plus près de chez eux. Nos débouchées sont diversifiés et très locales : tout sauf la grande distribution, dans un rayon de 25 km.

  • Vente directe : à la ferme, marché, Amap, réseau de consommateurs, dépôt vente sur autres fermes, Internet (déposant à Clic ta berouette)
  • 10 magasins : épiceries, magasins spécialisés, magasins de producteurs :
  • restauration collective
  • restaurants
  • artisans

Quels changements notez vous depuis le début du confinement ?

A l’annonce du confinement, plusieurs questions se sont posées  :

  • Quel rôle dans l’alimentation quotidienne des habitants ?
  • Quelle évolution de la consommation dans les magasins et en vente directe ?
  • Quel impact sur l’activité avec les débouchées supprimées (restauration collective en grande partie, restaurants, marché) ?
  • Quelle main d’œuvre disponible sur la ferme par rapport à la garde d’enfants, quelle souplesse de planning ?
  • Quelle capacité de production ? Quelle réorganisation ? Quel besoin en main d’œuvre et quelle part de chômage partiel ?
  • Comment limiter les risques de transmission sur la ferme ? Quelles craintes sur les livraisons et les contacts humains ?

Pour répondre à ces interrogations, nous avons échangé en interne et la première semaine a permis de caler une organisation.

Cela dit nous avons perdu 25 % de notre activité en transformation du lait, mais ce n’est pas vraiment un problème car nous ne transformons habituellement pas tout et du lait est collecté toute l’année vers les circuits longs.

Il a fallu parer à l’arrêt du marché de Guer et déplacer la vente à la ferme en se regroupant entre producteurs sur une ferme, tout en continuant à dialoguer avec la mairie pour inciter à la remise en place du marché sous dérogation comme l’Etat l’incite.

La chance de notre système de vente dans cette situation, c’est tout le réseau de magasin. Ils sont tous mobilisés pour maintenir leur service à la population et continuer à vendre nos produits. Cela ne nous a pas demandé de mise en place particulière, à part d’ajuster les livraisons à la hausse des consommations.

Les livraisons se sont également fortement développées sur Internet avec Clic ta berouette.

A côté de cela, il y a eu toute la masse d’informations extérieures reçues des différents partenaires, institutions et syndicats sur toutes les mesures qui se sont mises en place : règles de travail, aides économiques, débouchés possibles, vente à la ferme possible ou pas, marché – pas marché – marché sur dérogation demandée par les maires.

Nous avons mis en place les différentes mesures économiques : report d’échéances de prêt, chômage partiel.

En parallèle nous suivions les discours de l’Etat qui a mis un peu de temps avant de mettre en valeur l’évidente mobilisation de la filière alimentaire dans cette crise. Toutes les mesures ne sont pas encore calées nous l’espérons. Le ministre de l’agriculture a annoncé le 16 avril la prise en charge du coût d’une journée de remplacement pour les agriculteurs qui doivent garder leurs enfants suite à la fermeture des crèches et des écoles à cause de l’épidémie de Covid-19. Nous attendons le décret en espérant que le salariat direct de la ferme qui compense l’arrêt d’un agriculteurs puisse être pris en compte.  En effet, les assurances qui, en temps normale, nous couvrent en cas d’arrêt maladie pour compléter les indemnités MSA (600 euros par mois) et prendre en charge une partie des frais de remplacement ne fonctionnent pour l’instant pas pour la garde d’enfants.  

La solution de permettre à ses enfants d’être prioritaires pour aller à l’école avec les enfants de soignants n’est peut être pas la meilleure solution. En effet, pour continuer à pouvoir travailler pour nourrir les habitants et ne pas leur transmettre le virus lors des relations de livraison ou de marché, il est plus raisonnable de limiter notre potentiel contamination via les enfants.

Comment et sur quoi pourrions-nous – habitants, politiques, autres structures locales – vous soutenir aujourd’hui ? Et à l’avenir?

La volonté et l’accompagnement des mairies pour mettre en place des marchés avec les règles sanitaires édictées par L’État est importante. Les habitants ont leur rôle à jouer en respectant bien les règles pour les marchés ré ouverts, et en incitant les mairies qui n’ont pas encore mis en place ces marchés à se mobiliser.

Il faut continuer à augmenter ses courses au plus près de chez soi, dans les épiceries locales.

Le rôle de ces épiceries locales est vraiment important. Elle mérite une reconnaissance forte et accompagnement régulier dans le temps par les collectivités locales, pour celles dont ce n’est pas encore le cas.

Et pour finir…

Merci aux consommateurs fidèles et nouveaux et à tous les partenaires qui se mobilisent pour cette alimentation locale.