Édito

Réussir dans nos entreprises paraît un objectif légitime (on pourrait dire à tout âge, à tous niveaux…), encore faut-il que le projet le soit lui-même et on en connaît que l’on ne voudrait justement pas voir réussir.
Et faut-il savoir aussi ce que l’on entend par la réussite. Est-ce un constat : celui de la réalisation d’un objectif, le fait d’atteindre un but ? Ou est-ce un sentiment : la satisfaction d’un travail bien fait, le plaisir d’un avis positif ou d’une harmonie entre des partenaires ?
Dans une perspective toute différente, directement inscrite dans l’esprit du temps : la réussite peut se définir comme le fait d’avoir dépassé, voire vaincu ses concurrents et s’estimer d’abord quantitativement.
Le domaine de l’ESS n’est pas exempt de ces approches et les exemples sont nombreux qui jaugent la réussite de projets qui s’en réclament à leur croissance exponentielle et à leur taille.
Mais peut-on réellement s’abstraire des logiques – et des dérives – de l’économie conventionnelle quand on s’approprie ses critères de fonctionnement et de succès ?
Quelle logique y a-t-il à ambitionner de devenir le plus gros d’un secteur ? Comment est-il possible, dans ces conditions de maintenir une gouvernance et une gestion humaines, impliquantes, participatives?
Une telle logique répond à celle de la globalisation économique néolibérale qui aboutit à la concentration et la standardisation des acteurs.
Quand les valeurs de l’ESS s’expriment dans l’ancrage sur un territoire, la biodiversité des initiatives et des acteurs, leurs collaborations dans un esprit de solidarité ; la question de la taille critique, celle à partir de laquelle on perd de vue ses principes devrait être un permanent point de mire.
Quelques exemples :
Le groupe VYV, « premier acteur mutualiste de santé » qui regroupe maintenant Chorum, Harmonie Mutuelle, MGEFI, MGEN, MMG, MNT, Smacl Assurances, Groupe Arcade-VYV, VYV3 et qui revendique 45 000 collaborateurs (1)  ».
Le groupe SOS, « la plus grande entreprise sociale d’Europe », qui regroupe 650 associations, entreprises sociales et établissements sociaux et médico-sociaux et emploie 22 000 salariéEs (2)  ».

 

(1) https://www.groupe-vyv.fr/
(2) https://www.groupe-sos.org