Édito de décembre 2024 : La compens(associ)ation ?

Le 16 octobre dernier, le Mouvement associatif, composante essentielle de l’économie sociale et solidaire en France, tenait à Paris une rencontre intitulée la « Rentrée politique des associations ». À cette occasion, sa présidente Claire Thoury s’exprima au sujet des enjeux associatifs face aux désengagements des pouvoirs publics.

« Il est temps de dire haut et fort que ce qui concerne les associations nous concerne tous et toutes. Car là où l’État est parfois incapable de répondre aux besoins, il y aura toujours des citoyennes et citoyens prêts à se réunir et agir de manière désintéressée. Répondre aux besoins des associations, c’est aussi répondre à la crise démocratique ».

Dans un récent rapport, le Conseil d’État rappelle que :

« Ce sont bien souvent les associations qui jouent un rôle précieux d’auxiliaires de l’État et des collectivités dans la mise en œuvre de certaines politiques publiques (prise en charge et hébergement des demandeurs d’asile, des femmes victimes de violence, des personnes en situation de handicap, des enfants placés dans le cadre d’une mesure de protection, aides à domicile, accès aux droits, insertion par l’activité économique, formation, lutte contre l’exclusion, etc.) ¹ ».

D’ailleurs, le philosophe Luc Carton a popularisé l’expression « sous-traitance de l’impuissance publique » pour qualifier la situation associative.

Une question se pose alors globalement à propos des moyens des associations pour faire face à leurs missions qui relèvent souvent de la prise en charge d’activités d’utilité sociale, d’intérêt général, voire d’intérêt public.

Cette compensation est permise par une privatisation que l’on pourrait qualifier de paradoxale puisque qu’elle est non lucrative dans un monde de plus en plus dirigé par l’art de faire du profit.

Sur nos territoires, force nous est de constater que les subventions des collectivités se raréfient alors que les besoins de services associatifs augmentent. On pourra dire que les ressources de ces entités publiques sont également en baisse mais vient une seconde question, celle du choix des bénéficiaires car, à ce niveau comme ailleurs, il y a malheureusement les gros et les petits. C’est la place de l’initiative citoyenne qui est mise en cause alors qu’elle est rendue nécessaire, voire indispensable mais, comme l’écrivait déjà La Fontaine, « selon que vous serez puissant ou misérable… » ; alors oui, il s’agit bien d’un problème de démocratie et à de multiples égards !

¹ Conseil d’État, L’usager du premier au dernier kilomètre de l’action publique : un enjeu d’efficacité et une exigence démocratique, 2023.