Édito février 2020

La forêt brûle en Australie : nous savons maintenant que la cause en est le réchauffement climatique et que celui-ci résulte de l’activité humaine depuis la révolution industrielle.

La forêt brûle en Amazonie et c’est ce que l’on appelle souvent le « poumon de la planète » qui est en train de partir en fumée pour libérer de l’espace pour de nouvelles exploitations agricoles intensives.

Il y a longtemps que les forêts africaines disparaissent pour fournir le charbon de bois nécessaire à la survie des populations mais avant tout pour cause de surexploitation des bois tropicaux et précieux.

En 1999, le chanteur québécois Richard Desjardins et Robert Monderie présentaient le documentaire « l’Erreur Boréale » qui dénonce les coupes à blanc de la forêt boréale et la destruction rapide de ce milieu naturel et humain unique au profit de la très lucrative industrie du bois d’œuvre.

Une fois de plus, on constate le lien entre une certaine conception de l’économie, du progrès humain et l’anéantissement de notre biotope qui est, comme son nom l’indique, notre lieu de vie et même la condition de notre vie, de sa poursuite.

Dans notre imaginaire commun, la forêt est un espace tout particulier qui nous rappelle que nous sommes des « naturels » comme on disait, qu’une part de sauvage reste en nous, qu’elle s’accorde à une liberté primaire et ses dangers.

Mais si la forêt demeure une réserve de biodiversité, il y a belle lurette que, chez nous, ce sont des espaces cultivés, entretenus comme d’autres ressources dont nous pouvons tirer parti pour le meilleur de nos besoins mais aussi pour le pire si l’on en abuse et justement… c’est bien ce qui nous menace avec une gestion de plus en plus commerciale et financière de la ressource.

En France, la forêt recouvre 16,5 millions d’hectares, soit 30 % de la surface du territoire, dont la gestion est partagée entre le privé pour 74% et le domaine public confié à l’Office National des Forêts pour des raisons que l’on sait être à l’évidence d’intérêt général et même public.

C’est pourquoi, avec les forestières et les forestiers qui y travaillent, il y a lieu de s’inquiéter de la privatisation qui est en cours via la modification par ordonnance du Code Forestier afin de rendre possible l’emploi de personnes sous statut privé et une modification du conseil d’administration qui présage l’entrée d’investisseurs privés.

Sans la garantie du statut de fonctionnaire, sans la fermeté d’une définition éthique de la mission débattue, et on l’espère défendue, par le parlement, on est fondé à redouter les effets d’un tel processus.

Pour en savoir plus : https://reporterre.net/Le-gouvernement-accelere-la-privatisation-de-l-Office-national-des-forets