[Édito de février 2024 ]
On pourrait se perdre en questions à propos de la nouvelle ex ministre de l’éducation nationale (etc.) : ses déclarations relèvent-elles de la naïveté, de l’outrecuidance, de la perte des relations aux réalités ?… En tout cas, elles ont le mérite de mettre en lumière des problématiques (et aussi des rapports) qui n’auraient peut-être (qui dit certainement ?) pas eu la même audience.
Une de celles-ci touche à la question de la mixité sociale au sein des établissements au moment même où plusieurs études internationales ciblent la France pour l’inégalité sociale de son système scolaire.
Il n’est pas sans intérêt de noter, comme le fait Xavier Molénat dans le numéro de février 2024 d’Alternatives Économiques que « ce principe de mixité, loin d’être un principe historique du service public d’éducation, n’a été inscrit dans la loi qu’en 2013. Mais depuis cette date, loin de s’améliorer, la situation s’est aggravée : la part des élèves issus de catégories « très favorisée » (cadres, chefs d’entreprise, enseignants…) au sein de l’enseignement privé, qui s’élevait déjà à 34,9% en 2011 (19,9% dans le public), est passée à 40,2% en 2021 (20,4% dans le public). Inversement, la part des catégories défavorisées (ouvriers, inactifs) est passée dans la même période de 19,9% à 15,8% (37,2% dans le public) ».
On pourra se demander ce que vient faire ce questionnement dans l’infolettre d’un pôle de développement de l’ESS breton et répondre tout d’abord que ces constats globaux ne correspondent pas aux valeurs démocratiques, émancipatrices et solidaires de l’ESS.
Mais nous sommes fondés à interroger en particulier la situation bretonne puisque le même article précise que « la présence territoriale de l’enseignement privé est également très variable, allant de l’absence totale (aucun collège privé dans la Creuse) à l’omniprésence comme en Bretagne. Dans l’académie de Rennes, 40% des élèves des 1 er et 2 nd degrés sont scolarisés dans le privé. À Paris, cette proportion est de 30%. Et au niveau national, elle atteint 16,9%, soit un peu plus de 2 millions d’élèves, une proportion très stable depuis quarante ans ».
Enfin, du point de vue de l’économie sociale et solidaire en Bretagne, nous nous devons au moins de constater que les établissements d’enseignement privés et leurs emplois, du fait de leur statut juridique associatif, sont intégrés dans les statistiques restituant l’impact de l’ESS sur le territoire régional. Il n’est donc pas négligeable de relever sur la base des données transmises dans la « Note de conjoncture, Bilan 2022 et perspectives 2023 », publiée par l’Observatoire régional de l’économie sociale et solidaire de la CRESS Bretagne, que l’enseignement privé représente 6,6% de l’ensemble de l’emploi ESS dans la région !