[Édito de mai 2024 : l’utilité sociale, l’intérêt général et le service (du) public]

Parmi les valeurs qui doivent – ou du moins devraient – guider les initiatives se revendiquant de l’économie sociale et solidaire, une d’elle est majeure et c’est l’utilité sociale des projets. Mais si elle est importante, voire essentielle, est-elle suffisante ?

On doit en effet se questionner sur le prix à payer pour satisfaire à cette notion. Car s’ils répondent bien à un besoin social, les projets qui relèvent d’une privatisation de service public le font-ils dans des conditions optimales et financièrement favorables pour le budget public et/ou la population ?

Il est souvent sous-entendu l’équivalence de deux expressions ; le service du public et le service public. La première véhiculant une autre notion « subliminale » : la plus grande efficacité du privé face à toutes les pesanteurs du service public justement.

Mais il en va ici comme du mécénat qui vise ou dit viser l’intérêt général mais qui, en relevant d’une décision privée, récuse indirectement la construction politique collective. Réfléchir à l’utilité sociale d’un projet est une plus-value politique pour celui-ci. Exprimer ces raisons d’agir lui donne une réelle légitimité aux regards des enjeux de nos sociétés contemporaines.

Cependant, les actrices et les acteurs doivent aussi être conscientEs du fait que, ce faisant, ils peuvent alimenter une critique radicale du service public, composante essentielle du contrat républicain. Et, malheureusement, des exemples récents nous montrent que la privatisation de la prise en charge des plus fragiles (personnes âgées et jeunes enfants) peut se faire au préjudice de ces publics.